La lettre de Madame Dominique Bona de l 'Académie française


 Cher Francis Delemer,




Un festival du livre à Salses ! Lorsque j’ai entendu ces mots et que vous avez eu la gentillesse de me faire part du projet, j’ai été tout de suite enthousiaste, mais aussi émue. Très émue.

Le beau village de mon père est le cadre rêvé pour une telle manifestation. Le château, figure tutélaire, couleur de la terre catalane, rouge et rocailleuse, non seulement monte la garde sur tout un territoire mais stimule l’imaginaire. Pour tous ceux et toutes celles qui, venus souvent de loin, découvrent ce site magnifique, tapi dans la vallée comme un fauve endormi, c’est un spectacle de l’ordre du prodige. Les écrivains vont parler de leurs livres et les signer, sur la toile de fond d’une Histoire très ancienne, très rude et très fière : celle de Salses et de son château.

Vous le savez, toutes sortes d’événements m’empêchent d’être parmi vous, de parler avec les lecteurs passionnés et que j’espère nombreux, d’échanger des vues sur la Littérature avec les écrivains que vous avez conviés à la fête, et je le regrette sincèrement. J’aurais aimé retrouver mes cousins, qui m’accueillent toujours à bras ouverts. J’aurais aimé me promener dans les rues de mon enfance, quand je venais avec mes parents déjeuner dans la maison familiale. Mon grand-père, silencieux, près du feu de cheminée. Ma tante, si douce et charmante, dévouée à son foyer. Et la mère de mon père, Marraine comme je l’appelais, grande et belle à un âge avancé, tout sourire, et qui me racontait des histoires. Leurs silhouettes sont présentes et vivantes dans mon cœur. 

J’ai eu ici, à Salses, la révélation de cet ancien folklore qui circule de bouche à oreille, aussi fortement ancré dans notre culture que bien des romans.  Dans la maison de mon père, les contes circulaient librement, comme jaillis de la flamme, et du passé commun. 

Je vous souhaite, cher Francis Delemer, un grand succès pour vous, pour vos auteurs, et pour tout le village. Je souhaite que le département soit au rendez-vous et que désormais, on dise de Salses que les écrivains y sont les bienvenus. Qu’ils peuvent y être heureux, comme mon père lui-même l’a été, dans ses rues, sur ses places, et dans cette médiathèque au nom qui m’est si cher.


Amitié à tous et à toutes



Dominique Bona



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